Histoire de la boucle d'oreille

Les boucles d'oreilles existent depuis la nuit des temps. En effet, les femmes de la préhistoire portaient déjà des boucles d'oreilles et leurs divinités aussi. Au fil du temps, ces bijoux ont évolués et ont connus des périodes où elles étaient moins présentes avant de revenir encore plus présentes. Où que ce soit de par le monde, les femmes arborent cet accessoire de beauté, et les hommes aussi. Je vous propose aujourd'hui de remonter le temps et de découvrir comment les boucles d'oreilles nous ont accompagnées au fil des modes et du temps en oubliant que la boucle portée par les marins leur garantissait une bonne vue et leur évitait les maladies ophtalmologiques.

Tout d'abord, on a trouvé es anneaux d'or travaillés en filigrane dans une sépulture royale à Ur en Mésopotamie et datant de l'âge du bronze et sur le site de Chifeng, en Mongolie, on a pu en retrouver de forme hémicirculaire fabriquées en pierre de jade correspondant à la Dynastie Xinglongwa. Le 2ème millénaire avant Jésus Christ, c'est dans la culture minoenne et mycénienne que l'on retrouve des boucles en cuivre, étain ou ivoire qui sont articulées puisqu'elles se composent d'un anneau et d'un pendant. Le VIIème siècle avant Jésus Christ, en Grèce, ce sont des boucles d'oreilles en forme de croissant en filigrane auxquelles ont ajoute des pendentifs et des pierres précieuses. Chez les Etrusques, elles sont de style baule, c'est-à-dire de forme hémicylindrique, décorées par granulation, auquelles on ajoute de l'émail, du verre ou de l'ambre. Cette culture de la boucle atteint Rome ou elle prend une forme de disque. Au premier siècle avant Jésus Christ, en Inde, elles sont l'apanage des familles royales; souvent très travaillées, elles sont très lourdes et sont tenues par un système pinçant le lobe de l'oreille. C'est à cette période que le fermoir en oeil et crochet fait son apparition alors qu'à Rome, les crotalia, qui veut dire grelot, sont les nouvelles boucles d'oreilles à la mode. Les crotalia se composent de deux perles suspendues l'une à l'autre et qui ont la particularité de tinter lorsqu'on les porte. A Parthe, elles sont en or et très ouvragées mais elles disparaissent au fil du temps avec la chute de l'Empire Romain pour ne subsister que dans l'Empire Byzantin sous forme de demi lunes agrémentées de motifs d'oiseaux ou chrétiens.

Au début du XVIème siècle, les boucles d'oreilles réapparaissent en Italie avec l'arrivée des Lombards, elles se composent d'un anneau avec une perle en pendant à laquelle on ajoute parfois un ruban dont la couleur est assortie à la robe. Pendant ce temps-là, en Espagne, elle devient le complément idéal à une parure pour les femmes et s'adapte aux hommes, ainsi qu'en France et en Angleterre par le port d'une unique boucle. Au XVIIème siècle, on voit l'apparition de la girandole qui est une boucle d'oreille en forme de chandelier à trois branches et terminée par trois perles en forme de gouttes; elles sont souvent décorées d'émail avant que les pierres précieuses ne viennent les remplacer. Au fil du temps, les girandoles évoluent en pendeloques qui sont des boucles d'oreilles dont les trois gouttes se rassemblent pour ne plus en devenir qu'une seule. Devenant plus lourdes, on y ajoute alors des rubans et des crochets qui vont permettre de les attacher à la coiffure ou en haut du lobe de l'oreille. A l'arrivée de la Révolution, les boucles disparaissent peu à peu pour revenir sous forme de poissardes, plus égalitaires. Ce sont alors de fins bijoux plats que l'on maintient par un crochet verrouillé sur le devant; on les orne parfois de verre ou d'émail.

Le Sacre de Napoléon va voir la renaissance des girandoles et des pendeloques faites en filigrane et qui vont s'allonger jusqu'à arriver au niveau des épaules dans les années 1830. De plus, l'arrivée du style repoussé va les rendre plus légère et bon marché. Entre 1840 et 1850, le retour des coiffes va les faire disparaître la journée mais on les retrouvera la nuit sous forme de dormeuse; on dira que c'est pour éviter le rétrécissement des trous que l'on doit les porter la nuit. C'est grâce à la reine Victoria que les boucles d'oreilles vont revenir le jour car elle adore porter de volumineux pendants. Cette période est également faste découvertes archéologiques, ce qui favorisera la renaissance des crotalia et des baules. C'est également la période où le camé et les micro mosaïques apparaissent ainsi que l'ajout de chainettes très fines. Les tops and drops, qui sont de petites puces ornées d'une simple perle ou d'une pierre précieuse arrivent également. En 1910, Louis Cartier invente les sertis sur platine amenant le style guirlande qui s'ornera de diamants. Avec l'Art Déco, le corail, le jade et le cristal de roche trouvent leurs quartiers de noblesse en s'accompagnant de formes d'inspiration asiatique ou grec. En 1940, l'or revient à la mode pour des boucles d'oreilles modestes ornées de pierres synthétiques alors qu'en 1950 les perles et les diamants sont plus populaire et s'accompagnent de platinium. En 1970, les boucles d'oreilles se portent à nouveau avec les oreilles percées et les hommes reprennent goût à l'anneau d'or.

Comme vous le voyez, les boucles d'oreilles ont connues de grandes évolutions, s'adaptant aux classes sociales et aux grands changements des époques successives. Tour à tour portées seulement par les femmes ou par les femmes et les hommes, elles ont été une marque de rang dans la société tout en étant une grande marque d'élégance et de beauté. Elles ont connues toutes les matières ainsi que toutes les façons de les fermer pour s'adapter aux oreilles percées ou non. De nos jour, hommes et femmes les portent sans distinction en s'alliant même parfois à la démocratisation des piercings. Comme quoi ce bijou continue de connaître une perpétuelle évolution.